L’école n’a jamais été aussi indispensable à la réussite sociale qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les dernières études de l’Insee l’attestent : cinq années après la n de leurs études, près de la moitié de ceux qui quittent le système scolaire sans diplôme sont au chômage, contre seulement 10 % des bacheliers des filières générales et technologiques.
La réussite scolaire pour tous n’est donc pas une question parmi d’autres, mais bien l’un des problèmes fondamentaux auquel la société française et ses décideurs doivent faire face. L’ambition de ce numéro est de présenter, dans une synthèse inédite, les résultats les plus récents de la recherche en économie de l’éducation, mais aussi en sociologie, en histoire, et en neurosciences, an d’inventer l’école du XXIe siècle.
Car si les politiques d’expansion scolaire de la seconde moitié du XXe siècle ont permis d’améliorer le destin de plusieurs générations, l’école n’en demeure pas moins une formidable machine à trier, génératrice d’inégalités, avec son lot croissant de laissés pour compte. Les comparaisons internationales, comme les enquêtes PISA de l’OCDE, dressent toutes le même constat. Il est sans appel : la France a l’un des systèmes scolaires les plus inégalitaires des pays développés. Nous laissons, chaque année, près de 20 % des 18-24 ans quitter l’école sans diplôme.
Que faire ? L’apprentissage ne décolle pas au niveau du CAP et du brevet. La politique d’éducation prioritaire, malgré d’innombrables relances, a failli à sa mission originelle de réduire les inégalités. Augmenter la mixité à l’école est une nécessité, mais l’assouplissement de la carte scolaire n’a pas permis d’atteindre cet objectif. Les solutions du passé ont toutes prouvé leurs limites.
Pour progresser, il faut d’abord changer de méthode. S’inspirant de la médecine, une nouvelle génération de chercheurs met au point des expériences randomisées, permettant d’identifier les politiques qui marchent concrètement et celles qui ne marchent pas. Avant tout, il faut reconnaître les limites de nos savoirs théoriques, et expérimenter.
Il faut ensuite changer d’angle d’attaque. Les recherches les plus récentes soulignent le rôle clé des capacités non cognitives dans le développement éducatif des enfants : l’ouverture à l’expérience, l’extraversion, la capacité à coopérer ou la stabilité émotionnelle. Autant d’aspects sur lesquels les politiques scolaires peuvent agir. En favorisant des pratiques pédagogiques plus horizontales, en réformant le système de notation pour qu’il forme plus qu’il ne trie, il est possible de s’attaquer aux racines des inégalités et de l’échec scolaires.
C’est à la découverte de ces nouvelles méthodes, pratiques, et résultats que ce numéro vous invite, dans un langage accessible à tous.
Les auteurs
A quoi sert l’école ? – Eric Maurin
L’importance de l’investissement dans l’éducation pour la croissance – Yann Algan
Quels enseignements tirer de la démocratisation scolaire ? – Antoine Prost
Le collège : perspective historique et débats contemporains – Claude Lelièvre
Le décrochage scolaire dans les pays de l’OCDE – Catherine Blaya
Le développement de l’apprentissage : une réponse à l’échec scolaire ? – Philippe Zamora
Le redoublement est-il inefficace et nuisible ? Débats et difficultés d’analyse – Robert Gary-Bobo, Jean-Marc Robin
La politique d’éducation prioritaire : quel bilan ? – Corinne Prost
Le rôle de consommateur des parents d’élèves dans le « marché scolaire » – François Dubet
Que nous apprennent les expérimentations dans le domaine scolaire ? – Marc Gurgand
Mixité ou ségrégation : quelle école bénéficie le plus aux élèves ? – Nina Guyon
Peut-on accroître la mixité sociale à l’école ? – Gabrielle Fack, Julien Grenet
Qu’est-ce que le mérite scolaire ? – Yves Michaud
L’influence des pratiques enseignantes sur les acquisitions scolaires des élèves – Pascal Bressoux
L’évaluation par les notes : quelle fiabilité et quelles réformes ? – Pierre Merle
Que nous apprennent les neurosciences sur les meilleures pratiques pédagogiques ? – Stanislas Dehaene
Refonder la formation des enseignants : un défi indispensable – Jean-Louis Auduc